Et c’est reparti pour une critique de roman (enfin !) ! C’est une trilogie que l’on m’a offert, et qui mélange habilement la fantasy et les romans de capes et d’épées. Imaginez les Trois (qui sont quatre, pour ceux qui ne le savaient pas) Mousquetaires aux prises avec des Dragons. Sauf qu’ils ne sont ni trois, ni quatre… mais six. Puis… En fait, ça varie pas mal. 😛
« Paris, 1633. Les Dragons menacent le royaume. Surgis de la nuit des temps, ils sont décidés à restaurer leur règne absolu. Usant de sorcellerie, ils ont pris apparence humaine et crée une puissante société secrète, la Griffe noire, qui conspire dans les plus grandes cours royales d’Europe.
Pour déjouer leurs complots, Richelieu dispose d’une compagnie d’aventuriers et de duellistes rivalisant de courage, d’élégance et d’astuce. Des hommes et une femme aux talents exceptionnels, prêts à braver tous les dangers et à risquer leur vie pour la Couronne : les Lames du Cardinal ! »
Dispersés après le fiasco de la Rochelle causé par la trahison de l’un des leurs, les Lames n’ont que peu ou pas gardé contact. Profondément meurtri par le décès de son meilleur ami, presque son frère, le capitaine La Fargue est cependant contraint de rassembler ses hommes. Le Cardinal a besoin d’eux pour déjouer les plans de la Griffe noire, qui projette d’établir une loge en France dans le but d’y semer le chaos. Leur but : ébranler les puissances européennes pour les supplanter grâce à leur magie. Mais comment agir contre un ennemi impossible à reconnaître ? En effet, les descendants des Dragons ancestraux vivent parmi les humains et ne reprennent que rarement leur forme d’origine.
Pourtant, Les Lames encore marquées par la Rochelle vont devoir résoudre ce mystère et s’en tirer vivants. Encore faudrait-il qu’ils aient envie de retenter l’aventure… Mais ont-ils vraiment le choix ? Le Cardinal de Richelieu ne semble pas décider à les laisser vivre en paix, pas plus que de leur dire toute la vérité. Encore une fois, ils vont devoir lever le voile seuls – ou échouer.
Les Lames du Cardinal :
- La Fargue, leader et vétéran, en quelque sorte le « père » des Lames. Torturé et raisonnable mais néanmoins déterminé. Fidèle à la Couronne et à ses hommes qu’il craint de perdre encore une fois, il cache cependant un lourd secret…
- Le chevalier Leprat d’Orgueil, ancien mousquetaire du Roi, possesseur d’une magnifique rapière d’ivoire taillée dans une dent de dragon et rongé par la ranse, une maladie naissant au contact des Dragons. Intrépide (parfois trop pour son âge et son état de santé) et amical, il ne plaisante pas avec l’honneur.
- Nicolas Marciac, jeune homme séduisant et casse-cou, toujours présent lorsqu’il s’agit de sauver une demoiselle en détresse ! Plein d’humour et de piquant, ses talents de médecin le distinguent néanmoins du Don Juan superficiel que l’on croit deviner au premier regard.
- Agnès de Vaudreuil, une jeune baronne intelligente et intrépide, plus portée sur l’équitation et l’escrime que sur la broderie. Amicale et sensible, elle fait tout pour ne pas penser à certains épisodes de son passé qui finissent cependant par s’imposer… et qu’elle ne pourra plus fuir.
- Ballardieu, le « père adoptif » d’Agnès, compagnon de beuverie de Marciac, grand et fort comme un bœuf malgré son âge. Il est très attaché à Agnès et se sacrifierait pour son bien sans hésiter une seule seconde.
- Almadès, professeur d’escrime taciturne qui a la manie de tout faire pas trois. Vif, habile et sachant se faire discret, il n’est néanmoins pas beaucoup exploité dans la série.
- Saint Lucq, l’assassin solitaire et mystérieux, terrible hybride mi-homme mi-dragon aux bésicles rouges, il n’agit qu’en solo mais avec une redoutable efficacité. On découvre cependant qu’il n’est pas si insensible qu’il y paraît au premier abords.
- Et puis Laincourt, qui n’est pas une Lame à proprement parler, mais qui est de loin mon personnage préféré. Agent double, voire triple, c’est un espion redoutable mais bien jeune pour le fardeau qu’il porte. D’abord mystérieux, en en apprend plus tard beaucoup sur son caractère et ses sentiments.
J’ai beaucoup aimé cette trilogie, et les amateurs des romans de cape et d’épée s’y retrouveront sans problèmes, surtout les fans des Trois Mousquetaires, que l’on croise d’ailleurs à quelques reprises. La description du Paris du XVIIe siècle est riche en détails (prouvés historiquement), et l’on est vite happé par l’univers du roman. Le style d’écriture est fluide et personnel, sans fioritures, précis et même technique lors des (nombreux) duels à l’épée, et la division en courts chapitres ainsi que les multiples ellipses dynamisent le tout. L’histoire en elle-même est bien menée, on la sent profonde et crédible. La foule de rebondissements surprend (presque) toujours, et les particularités des personnages sont bien mises en avant dans chacune de leurs missions. Le seul hic vient, pour moi, des personnages. Bien que tous différents, ils restent peu originaux, et, surtout, leurs personnalités restent assez peu exploitées. Au final, à la dernière page du troisième tome, on ne sait presque rien du passé et du caractère profond des Lames (surtout concernant Saint Lucq qui, malgré son charme mystérieux, reste totalement à l’écart), et il est ainsi très difficile de s’attacher réellement aux héros.
On peut cependant se poser cette question : Est-il vraiment nécessaire de s’attacher aux personnages de cette série ? Sans doute que non, puisque c’est avant tout un roman d’action. Peut être même qu’approfondir d’avantage les personnages aurait été une erreur. Il n’empêche, je me posais encore plein de questions à la fermeture définitive de l’ouvrage.
Pour conclure, ce fut une expérience enrichissante pour moi qui n’avait encore jamais lu de roman de cape et d’épée, et j’ai adoré Les Lames du Cardinal, et ce malgré ses petits défauts. Je le conseille à partir du collège pour les amateurs du genre qu’un livre épais n’effraie pas et qui font déjà preuve d’un minimum de maturité. 😉