Les Lames du Cardinal – la Trilogie (Pierre Pevel)

Et c’est reparti pour une critique de roman (enfin !) ! C’est une trilogie que l’on m’a offert, et qui mélange habilement la fantasy et les romans de capes et d’épées. Imaginez les Trois (qui sont quatre, pour ceux qui ne le savaient pas) Mousquetaires aux prises avec des Dragons. Sauf qu’ils ne sont ni trois, ni quatre… mais six. Puis… En fait, ça varie pas mal. 😛

« Paris, 1633. Les Dragons menacent le royaume. Surgis de la nuit des temps, ils sont décidés à restaurer leur règne absolu. Usant de sorcellerie, ils ont pris apparence humaine et crée une puissante société secrète, la Griffe noire, qui conspire dans les plus grandes cours royales d’Europe.

Pour déjouer leurs complots, Richelieu dispose d’une compagnie d’aventuriers et de duellistes rivalisant de courage, d’élégance et d’astuce. Des hommes et une femme aux talents exceptionnels, prêts à braver tous les dangers et à risquer leur vie pour la Couronne : les Lames du Cardinal ! »

Dispersés après le fiasco de la Rochelle causé par la trahison de l’un des leurs, les Lames n’ont que peu ou pas gardé contact. Profondément meurtri par le décès de son meilleur ami, presque son frère, le capitaine La Fargue est cependant contraint de rassembler ses hommes. Le Cardinal a besoin d’eux pour déjouer les plans de la Griffe noire, qui projette d’établir une loge en France dans le but d’y semer le chaos. Leur but : ébranler les puissances européennes pour les supplanter grâce à leur magie. Mais comment agir contre un ennemi impossible à reconnaître ? En effet, les descendants des Dragons ancestraux vivent parmi les humains et ne reprennent que rarement leur forme d’origine.

Pourtant, Les Lames encore marquées par la Rochelle vont devoir résoudre ce mystère et s’en tirer vivants. Encore faudrait-il qu’ils aient envie de retenter l’aventure… Mais ont-ils vraiment le choix ? Le Cardinal de Richelieu ne semble pas décider à les laisser vivre en paix, pas plus que de leur dire toute la vérité. Encore une fois, ils vont devoir lever le voile seuls – ou échouer.

L'intégrale de la trilogie

L’intégrale de la trilogie

Les Lames du Cardinal :

  • La Fargue, leader et vétéran, en quelque sorte le « père » des Lames. Torturé et raisonnable mais néanmoins déterminé. Fidèle à la Couronne et à ses hommes qu’il craint de perdre encore une fois, il cache cependant un lourd secret…
  • Le chevalier Leprat d’Orgueil, ancien mousquetaire du Roi, possesseur d’une magnifique rapière d’ivoire taillée dans une dent de dragon et rongé par la ranse, une maladie naissant au contact des Dragons. Intrépide (parfois trop pour son âge et son état de santé) et amical, il ne plaisante pas avec l’honneur.
  • Nicolas Marciac, jeune homme séduisant et casse-cou, toujours présent lorsqu’il s’agit de sauver une demoiselle en détresse ! Plein d’humour et de piquant, ses talents de médecin le distinguent néanmoins du Don Juan superficiel que l’on croit deviner au premier regard.
  • Agnès de Vaudreuil, une jeune baronne intelligente et intrépide, plus portée sur l’équitation et l’escrime que sur la broderie. Amicale et sensible, elle fait tout pour ne pas penser à certains épisodes de son passé qui finissent cependant par s’imposer… et qu’elle ne pourra plus fuir.
  • Ballardieu, le « père adoptif » d’Agnès, compagnon de beuverie de Marciac, grand et fort comme un bœuf malgré son âge. Il est très attaché à Agnès et se sacrifierait pour son bien sans hésiter une seule seconde.
  • Almadès, professeur d’escrime taciturne qui a la manie de tout faire pas trois. Vif, habile et sachant se faire discret, il n’est néanmoins pas beaucoup exploité dans la série.
  • Saint Lucq, l’assassin solitaire et mystérieux, terrible hybride mi-homme mi-dragon aux bésicles rouges, il n’agit qu’en solo mais avec une redoutable efficacité. On découvre cependant qu’il n’est pas si insensible qu’il y paraît au premier abords.
  • Et puis Laincourt, qui n’est pas une Lame à proprement parler, mais qui est de loin mon personnage préféré. Agent double, voire triple, c’est un espion redoutable mais bien jeune pour le fardeau qu’il porte. D’abord mystérieux, en en apprend plus tard beaucoup sur son caractère et ses sentiments.

J’ai beaucoup aimé cette trilogie, et les amateurs des romans de cape et d’épée s’y retrouveront sans problèmes, surtout les fans des Trois Mousquetaires, que l’on croise d’ailleurs à quelques reprises. La description du Paris du XVIIe siècle est riche en détails (prouvés historiquement), et l’on est vite happé par l’univers du roman. Le style d’écriture est fluide et personnel, sans fioritures, précis et même technique lors des (nombreux) duels à l’épée, et la division en courts chapitres ainsi que les multiples ellipses dynamisent le tout. L’histoire en elle-même est bien menée, on la sent profonde et crédible. La foule de rebondissements surprend (presque) toujours, et les particularités des personnages sont bien mises en avant dans chacune de leurs missions. Le seul hic vient, pour moi, des personnages. Bien que tous différents, ils restent peu originaux, et, surtout, leurs personnalités restent assez peu exploitées. Au final, à la dernière page du troisième tome, on ne sait presque rien du passé et du caractère profond des Lames (surtout concernant Saint Lucq qui, malgré son charme mystérieux, reste totalement à l’écart), et il est ainsi très difficile de s’attacher réellement aux héros.

On peut cependant se poser cette question : Est-il vraiment nécessaire de s’attacher aux personnages de cette série ? Sans doute que non, puisque c’est avant tout un roman d’action. Peut être même qu’approfondir d’avantage les personnages aurait été une erreur. Il n’empêche, je me posais encore plein de questions à la fermeture définitive de l’ouvrage.

Pour conclure, ce fut une expérience enrichissante pour moi qui n’avait encore jamais lu de roman de cape et d’épée, et j’ai adoré Les Lames du Cardinal, et ce malgré ses petits défauts. Je le conseille à partir du collège pour les amateurs du genre qu’un livre épais n’effraie pas et qui font déjà preuve d’un minimum de maturité. 😉

Déjà 4 ans, et des Dragons…

Il y a 4 ans jour pour jour, je créais ce blog et j’y postais mon premier article. 4 ans, ce n’est pas rien, alors j’ai préparé un article spécial pour célébrer ça comme il se doit ! Je pense faire ce genre d’articles plus souvent, pour des occasions particulières (noël, pâques, début des grandes vacances, nouvel an, etc…). Et aujourd’hui, pour célébrer cette quatrième année, place à ma vision des Dragons ! Ce n’est pas une encyclopédie absolue, juste ma vision personnelle de cet animal mystique que j’idolâtre depuis pas mal de temps déjà. C’est parti pour un article draconnesque ! 😉

    Les Dragons sont divisés en 3 grandes catégories : les Petits Dragons, les Dragons Médians, et les Grands Dragons. Ces 3 catégories regroupent plusieurs sous-catégories aux limites plutôt vagues. Ces catégories ne sont pas figées : un Dragon Médian peut, si il correspond à certains critères, devenir un Grand Dragon, un Petit Dragon peut devenir un Dragon Médian, et inversement. Il est plus rare qu’un régressement ait lieu, mais c’est possible dans certains cas précis. Il existe aussi un grand nombre de types de Dragons, comme par exemple les Dragons de Feu, de Terre, d’Eau ou d’Air, mais aussi de types plus spécifiques (lave, vent, forêt, rivière, grotte, etc…). Il est possible de cumuler plusieurs types,  en fonction des géniteurs, par exemple, mais aussi des particularités du Dragon concerné.

 

Les Petits Dragons

    C’est la catégorie la plus vague, parce qu’elle compte globalement tous les Dragons qui ne rentrent pas dans les deux autres catégories.

Comme le nom l’indique, ces Dragons là sont de taille inférieure à un être humain (le plus souvent de la taille d’un oiseau de proie, en un peu plus dangereux et vorace). Leur intelligence est rarement plus développée que celle d’un chat, ou à la limite d’un singe. Ils n’appartiennent pas à un type élémentaire majeur (feu, eau, terre, air, lumière, obscurité).

Généralement, ils savent aussi bien courir que grimper, nager ou voler. Leurs griffes ne sont pas de véritables armes, mais plutôt des outils. Ils se servent principalement de leurs crocs pour chasser ou se défendre. Quant à leur queue, elle a souvent la même utilité que celle d’un singe : se stabiliser, avoir un point d’appui supplémentaire, ou parfois balayer des insectes dérangeants. Mais si ils ont une taille respectable pour un Petit Dragon, ils peuvent aussi s’en servir comme d’une arme. Si certains crachent du venin, ou en sécrètent sur leurs crocs, il leur est impossible de générer des flammes (ou de l’eau, des éclairs, de l’acide…).

Bien que plus faibles que les Dragons des autres catégories, les Petits Dragons se reproduisent plus et ont généralement quatre ou cinq petits par portée. Pour cette raison, les Petits Dragons sont plus courants que les Dragons Médians, qui eux-mêmes le sont plus que les Grands Dragons. Ils ne vivent pas en couple : seule la période de reproduction (qui dépend du climat, du type du Dragon et de l’environnement) voit les mâles et les femelles s’unir. Les dragonnets sont généralement élevés par la femelle, mais il arrive que celle-ci les abandonne ou meurt. Dans ce cas, c’est le mâle qui se chargera de les accompagner jusqu’à ce qu’ils soient indépendants (les Dragons deviennent adultes et déterminent leur type après leur premier vol).

Les femelles ont une plus grande envergure que les mâles, et ont souvent une queue terminée par une sorte d’ornement, qui est un atout de séduction.

Ils vivent entre cinquante et soixante-dix ans.

Les Petits Dragons sont omnivores, contrairement aux autres catégories. La raison de cette évolution est leur place dans la chaîne alimentaire : De par leur taille et leur appétit plus réduit, ils sont parfois la proie de Dragons Médians affamés ou de gros carnivores qui possèdent la dentition et la force nécessaire pour s’en nourrir (ours, grands félins, griffons, vouivres, serpents géants…). Pour l’homme, les Petits Dragons sont une bonne source de revenus. Leurs écailles servent à fabriquer des armures ou des armes, le coeur est réputé pour guérir de tous les maux et les ailes sont parfois utilisées comme bâches ou ailes des machines volantes des Aériens. La viande, elle, est immangeable pour les humains car trop fibreuse et trop amère. Il existe également des braconniers qui vendent les oeufs de Dragons à prix d’or, bien que ce soit illégal depuis le Traité Humano-Draconnique.

Petit Dragon de type pierre

Petit Dragon de type pierre

 

Les Dragons Médians

    Il faut distinguer deux sous-catégories importantes de Dragons Médians : les Dragons Médians Mineurs et les Dragons Médians Majeurs. Il n’y a pas de limite très nette entre eux, mais les Majeurs sont plus puissants, plus vieux et plus sages. Ils sont également les seuls à pouvoir devenir des Grands Dragons (pour les critères, voir “Les Grands Dragons”).

    En moyenne, les Dragons Médians Mineurs mesurent entre deux et six mètres de long et les Majeurs cinq à plusieurs dizaines de mètres, pour une envergure souvent égale à leur longueur. Les Dragons Médians possèdent deux ou trois cornes sur le front, ainsi qu’une sorte d’exosquelette le long de la colonne vertébrale, parfois hérissée de sortes d’épines d’os.

Les femelles ont généralement des ailes ornées de motifs attirants les mâles. Lorsqu’un couple de Dragons Médians s’unissent, c’est jusqu’à la mort. Les femelles peuvent pondre jusqu’à trois oeufs en une portée, et chaque portée est espacée d’au moins dix ans. Le couple élève les dragonnets jusqu’à ce qu’ils soient capables de chasser seuls. Parfois, certains dragonnets restent ensemble pendant un temps, mais jamais après le premier vol.

Leur intelligence et leurs sentiments sont à peu près aussi développés que ceux des Elfes Sylvain, avec lesquels ils partagent souvent leur territoire de chasse.

Le Dragon Médian est un carnivore appréciant la viande fraîchement tuée, mais qui est capable de se nourrir de tout s’il a une raison de vivre. Ils ne sont pas insensibles à l’alcool, mais en connaissent les méfaits. Tous les Dragons Médians amassent des métaux précieux dans leur caverne. Ce trésor leur est nécessaire pour avoir des écailles plus solides que le plus solide des métaux. Ils ne mangent pas leurs richesses, mais ils perçoivent une sorte d’aura bénéfique qui influence directement leurs écailles. Lorsqu’un Dragon, attiré par l’éclat de l’or, en vient à s’en nourrir, il devient fou. Une rage folle les pousse à ravager tout ce qui passe à leur portée pour récupérer toujours plus d’or. Ils finissent souvent par attaquer un autre Dragon Médian, qui l’achèvera sans grande difficulté : la follie détruit l’intelligence pour ne laisser qu’un vague instinct bestial et une sauvagerie sans bornes. Ces Dragons déchus sont nommés “Les Bêtes” par les autres Dragons, et sont traqués aussi bien par le Petit Peuple que par les humains, et même par certains Dragons Médians Mineurs en échange d’une récompense composée de métaux solides et précieux. D’après le Traité Humano-Draconnique, c’est là les Seuls Dragons Médians que les Hommes sont autorisés à chasser.

Les Dragons Médians se servent de leurs griffes, de leurs crocs et de leur queue pour attaquer ou défendre. Tous les Dragons Médians Majeurs et la majorité des Mineurs utilisent une espèce de générateur d’un liquide ou d’un gaz qui dépend de leur(s) type(s) et qu’ils projettent sur leurs ennemis (majoritairement du feu, mais aussi de l’acide, du poison, de l’eau, de la glace liquide qui se solidifie au contact de l’air, un gaz toxique, de la lave…). Certains Dragons Majeurs possèdent des glandes qui sécrètent une salive désinfectante et /ou accélérant la cicatrisation, ou encore des glandes à poison qui enduisent leurs crocs et parfois même leurs griffes.

Les Dragons Médians Mineurs vivent rarement plus de cent cinquante ans, tandis que les Dragons Médians Majeurs peuvent vivre jusqu’à deux fois plus longtemps.

Très jeune Dragon Médian Majeur

Très jeune Dragon Médian Majeur

Une "Bête"

Une « Bête »

Dragon Médian Mineur de type feuilles mortes

Dragon Médian Mineur de type feuilles mortes

Un Dragon Médian de type rivière affrontant une "Bête"

Un Dragon Médian de type rivière affrontant une « Bête »

 

Les Grands Dragons

    Les Grands Dragons sont plus proches des Divinités que des Petits Dragons : ce sont des Entités. Il s’agit de Dragons Médians Majeurs qui ont dépassé les deux siècles de vie et dont la sagesse et la puissance est reconnue par les autres Dragons. Ces Dragons doivent impérativement savoir détacher leur esprit de leur corps, et ce afin d’avoir accès au Monde des Esprits (je ferais sans doute un article spécifique sur les différents Mondes une autre fois). Ce sont les Grands Dragons qui sont à l’origine du Traité Humano-Draconnique. Ils prennent toutes les décisions qui concernent les Dragons ou même le Monde Caché en général. Certains Grands Dragons aux facultés psychiques particulièrement développées peuvent servir de relais aux Dieux, et les plus anciens et les plus puissants deviennent parfois la Divinité relative à leur type. Les Grands Dragons ne possèdent qu’un seul type, mais leur influence sur tous ce qui s’y rapporte est considérable. Par exemple, un Grand Dragon de Feu furieux pourra causer des éruptions, un Grand Dragon de la Forêt malade rendra les plantes plus faibles, et plus aucune fleur ni fruit ne poussera dans son territoire, etc…

    Il n’existe qu’un seul Grand Dragon par type élémentaire (eau, feu, air, terre, lumière, obscurité), et tous ont plus de cinq siècles derrière eux. Lorsqu’un d’eux meurt, l’équilibre des Mondes est fragilisé et les Grands Dragons se réunissent dans le Monde des Esprit pour décider d’un héritier.

L’aspect des Grands Dragons est grandement influencé par leur type, mais il existe des points communs entre tous : Des griffes et des crocs colossaux, une taille dépassant parfois le kilomètre pour les plus anciens (ils ne cessent jamais de grandir), des cornes au nombre maximum de six, un exo-squelette hérissé de sortes d’épines le long de la colonne vertébrale, une queue très longue terminée par un ornement variable, des ailes de formes différentes ornées de motifs relatifs au type et à la vie du Grand Dragon, et deux glandes : une pour l’attaque, l’autre contenant une salive cicatrisante et désinfectante. Ils sont les plus intelligentes et les plus sages créatures des Mondes (les Dieux mis à part).

Les Grands Dragons ne se reproduisent qu’une seule fois dans toute leur vie (c’est à dire à partir du moment où ils sont considérés comme des Grands Dragons), voir pas du tout. La femelle ne pond qu’un seul oeuf, et le dragonnet y restera un an. Au bout de six mois de gestation, il pourra communiquer avec les Grands Dragons par le Monde des Esprits et y apprendra son “héritage” ainsi que la magie draconnique. A sa naissance, il sera un Dragon Médian Majeur destiné à devenir ensuite un Grand Dragon.

Ces Grands Dragons particuliers et très rares (déjà que les Grands Dragons sont rares…) appartiennent à la sous-catégorie des Grands Dragons Majeurs. Ils sont plus puissants que les autres Grands Dragons, et vivront plus longtemps. Ils grandissent aussi plus vite et apprennent très rapidement.

Les Grands Dragons n’ont pas besoin de stocker des métaux précieux et leurs écailles sont le matériau le plus solide qui existe. Cependant, ils apprécient les objets précieux ou tout simplement beau, ainsi que les ouvrages rares. Ils se nourrissent de viande fraîche qu’ils chassent ou, s’ils sont souffrants, que les êtres vivants qu’il autorise à vivre sur son territoire chassent pour lui.

Grand Dragon Divin d'obscurité

Grand Dragon Divin d’obscurité

Naissance d'un Grand Dragon

Naissance d’un Grand Dragon

Grand Dragon de type forêt & Dragon Médian Mineur de type forêt

Grand Dragon de type forêt & Dragon Médian Mineur de type forêt

Grand Dragon de type roche

Grand Dragon de type roche

Yglasrÿn, de ma nouvelle L’Enfant et la Reine de la Poussière, est le Grand Dragon d’Eau.

L’Enfant et la Reine de la Poussière : Dernière Partie

Voici donc la troisième et dernière partie de cette nouvelle. J’espère que ça vous a plu 😉

    Des larmes claires dévalent ses joues d’albâtre, tandis qu’elle observe cette enfant qui a osé causer son réveil. Elle pose deux doigts délicats sur le front sale et ferme ses yeux mouillés. Des images défilent derrière ses paupières closes. Elle voit une femme enceinte, pourchassée par des villageois armés de torches. Cette femme porte sur son front la marque du démon, une spirale noire et malfaisante. Elle a été séduite par un Dragon, et son ventre porte une sang-mêlée. Exilée et persécutée, la femme n’a d’autre choix que de partir jusqu’aux Montagnes Mortes. Affamée, malade et blessée, elle accouche sans assistance, en pleine montagne. Plus morte que vive, elle allaite une dernière fois sa fille avant de rendre son dernier soupir. Le bébé d’à peine un an possède en lui la force et l’instinct d’un dragonnet. L’enfant survit en se nourrissant du cadavre de sa mère, puis en chassant de petits animaux. Au cours de ces chasses, elle s’enfonce plus profondément dans les Montagnes Mortes, jusqu’à se retrouver au pied de la Falaise. Là, poussée par un instinct plus fort que tout, elle escalade ce mur de pierre. Elle a cinq ans. Le lendemain, elle atteint la grotte et s’y établit. Une dizaine d’années plus tard, elle tombe de sa grotte et se rattrape de justesse à une saillie. Apercevant le palais, elle décide d’y descendre mais tombe en chemin.

    Comme brûlée par ce contact, la Reine retire vivement ses doigts. L’enfant s’éveille et se redresse sur le lit. Quand son regard trouve sa bienfaitrice, elle se fige. Il n’y a plus trace de bonté, seulement du dégoût et une haine sombre, profonde. Effrayée, elle bondit hors des draps et court jusqu’à la porte de la chambre. Mais la déesse de ce palais à le contrôle de la moindre pierre, et le battant de bois se referme devant elle. La sang-mêlée se retourne, plaquant son dos contre la porte, tandis que la Reine se redresse, dans toute sa beauté devenue fureur. Le sang bouillant du Dragon qui est en elle se réveille et l’enfant ne scille pas, fixant de son regard émeraude les yeux de nacre de la Reine solitaire. « Ignoble Enfant Sans Nom, maudite par ton sang, tu oses t’opposer à la Reine des Montagnes Étincelantes ? »

    Du plus profond de sa mémoire, le souvenir d’un langage s’impose à la sang-mêlée. Une langue perdue, jadis parlée par les Grands Dragons. Une langue ancestrale et puissante. « Mon sang est noble, et quiconque en doute connaîtra la mort ! Qui es-tu, Reine d’un royaume disparu, pour t’opposer à Ylfénïr, fille de la belle Igathe et d’Yglasrÿn, le plus ancien et le plus puissant des Grands Dragons ? Mon père a créé le topaze d’azur que tu portes, ta magie ne saurait agir contre moi. »

    Tandis qu’elle parle, son corps se métamorphose sous l’effet de son sang draconique enfin réveillé. Ses ongles deviennent des griffes plus solides que l’acier, ses dents des crocs capables de déchiqueter la pierre. Sa colonne vertébrale et la ligne de sa mâchoire se couvrent d’écailles vertes, et de grandes ailes sortent de son dos dans un son de déchirement atroce. Ses pupilles s’allongent, et le blanc entourant ses iris d’émeraude vire au jaune doré.

    Statufiée, la Reine des Montagnes Mortes fixe la semi-dragonne, oubliant sa haine et sa rage. Pour la deuxième fois de son existence, elle se sent insignifiante. Face à cette pauvre sang-mêlée, elle éprouve les mêmes sentiments que lorsqu’Yglasrÿn lui avait offert son topaze : une terreur et un respect sans limites.

    Presque tremblante, la déesse immortelle s’agenouille sur les dalles poussiéreuses. « Je ne vous avais point reconnue, Ylfénïr, fille d’Yglasrÿn. Je vous supplie de me pardonner pour ma profonde méprise, je ne suis qu’une simple humaine sans cette pierre de pouvoir que votre père m’a offerte, il y a de cela plusieurs siècles.

– Lënimenn, Reine des Montagnes Mortes, toi qui a dirigé ta haine contre la fille de ton bienfaiteur, je t’accorde mon pardon. Tu m’as sauvée de la mort et m’as offert le gîte et le couvert, je t’en suis reconnaissante. »

    La Reine redresse lentement la tête, gardant son regard baissé, et porte deux doigts à ses lèvres. C’est là le signe du respect et de la gratitude. La Reine hésite, puis ose s’adresser à la sang-mêlée. « Ylfénïr, fille d’Yglasrÿn, j’ai un accord à vous proposer. Je puis vous confier l’endroit où s’est retiré le puissant Yglasrÿn, mais je souhaite que vous me rendiez un infime service en retour.

– Lënimenn, Reine des Montagnes Mortes, j’ignore où s’est retiré mon père, le sage Yglasrÿn, et ta proposition m’intéresse. Quel est ce si infime service, pour que tu oses me le demander ? »

    Cessant soudain de trembler, la Reine fixe la fille du plus ancien des Grands Dragons dans les yeux. Une détermination nouvelle brille dans le nacré de son iris, restaurant sa beauté si étincelante. « Ylfénïr, fille d’Yglasrÿn, votre noble père me fit jadis présent du topaze d’azur qui orne encore aujourd’hui mon front. Cette pierre si puissante me dota d’une magie incroyable pour l’humaine que je suis, et me permit de veiller sur les Montagnes Étincelantes. Mais un mal étrange venu de derrière les Montagnes contamina mon peuple, transformant les malades en poussière. Tous ceux qui n’étaient pas contaminés fuirent vers les Landes Songeuses, abandonnant à leur sort les malheureux. Ils périrent tous, et le Roi lui-même fut victime de ce mal.

    « Voilà plus d’un siècle que je suis seule dans ce palais, rendue immortelle par ce topaze d’azur. Je ne peux plus supporter cette vie creuse. Je vous implore, Ylfénïr, fille d’Yglasrÿn, de mettre fin à mon supplice. Reprenez le topaze ou détruisez-le, mais permettez-moi de rejoindre le Roi Eloss dans la mort.

– Lënimenn, Reine de la Poussière et âme sœur du défunt Roi Eloss, je consens à t’accorder ce souhait. Indique-moi où se trouve mon illustre père, Yglasrÿn, le plus ancien et le plus puissant des Grands Dragons. »

    Le corps délabré de Lënimenn repose sur son trône de marbre vert. Peu à peu, elle tombe en poussière, subissant le même sort qu’Eloss avant elle. Ylfénïr, le topaze à la main, reste un moment silencieuse. Puis elle se met à chanter d’une voix claire et forte, qui résonne d’une manière étrange dans la grande salle du trône.

Dans les Limbes le Roi dort,

Attendant qu’enfin la Mort

Délivre la Reine solitaire,

Prisonnière de son palais de pierre.

Pour lui le temps s’est figé,

Jamais son amour ne s’est fané.

Pour toujours il peut attendre,

Lënimenn viendra le prendre.

    Debout sur le dôme de pierre, Ylfénïr, fille d’Igathe et d’Yglasrÿn, déploie ses ailes et prend son envol en direction des Monts Lemnôs, où son père l’attend.

Fin.

La Triade de la Pierre Sacrée et autres volets de la même saga (Aurélie Chateaux-martin)

Cette saga se compose de plusieurs volets, qui n’ont pas forcément étés écrits dans l’ordre chronologique des événements. La trilogie principale est La Triade de la Pierre Sacrée, autour de laquelle les autres volets se sont attachés. Ci-dessous, je vais vous présenter tous les volets de la saga dans l’ordre chronologique des événements.

Le Loup Gris

  • Le Loup Gris (un seul tome) : Ce roman relate la jeunesse mouvementée de deux personnages très important de la trilogie principale : Tracy Deathmort, un sorcier du Monde Moderne né dans le Monde Caché, et Esalf, un magicien du Monde Caché.

    Tracy est jeune, intelligent, plein d’humour et d’idéaux, et un peu trop aventureux et courageux, voir carrément casse cou. Même si l’Académie de sorcellerie s’est établie dans le Monde Moderne, et qu’il y a vécu, Tracy est né dans le Monde Caché, et avant que ses parents n’y périssent, il y a voyagé de temps en temps. Et ce Monde l’appelle depuis toujours. Tracy sent bien que le Monde moderne n’est pas fait pour lui, aussi est-il euphorique lorsque sa première mission l’envoie dans « son » Monde, en compagnie de deux sorciers plus expérimentés : Matthew et Elena.

    Dans la cité naine où ils doivent négocier les ingrédients nécessaires à la fabrication de baguettes de sorciers, Tracy croise le chemin d’Esalf, apprenti magicien débauché et rebelle, qui séduit et entraîne dans son lit autant de femmes qu’il veut, et ce malgré l’obligation à la chasteté que prône l’Ordre des mages. Mais Esalf est aussi drôle et sympathique, et les deux jeunes hommes ne tardent pas à se lier d’une amitié profonde et durable, qui les soutiendra dans leurs joies comme dans leurs peines. Et ce même quand le jeune sorcier se retrouvera pourchassé par tous les elfes noirs pour avoir dérobé le trésor de leur Roi Nazath…

La Triade de la Pierre Sacrée _Livre 1_La LicorneLa Triade de la Pierre Sacrée _Livre 2_Le DragonLa Triade de la Pierre Sacrée _Livre 3_Le Phénix

  • La Triade de la Pierre Sacré (tome 1 : La Licorne, tome 2 : Le Dragon, tome 3 : Le Phénix) : C’est la trilogie principale, qui narre la quête de trois enfants, envoyés des Mages Blancs, à la recherche de la Pierre Sacré qui repoussera les ténèbres. Indil, la « Licorne », est une jeune haute-elfe aussi pure que belle, aussi courageuse qu’intelligente.

    Johan, le « Dragon », est un jeune apprenti sorcier qui ne connaît rien du Monde Caché. Orphelin, il est courageux, impétueux et arrogant, mais aussi brave et passionné.

    Iros, le « Phénix », est un jeune apprenti magicien très prometteur. Érudit passionné de lecture, il n’est pas aussi courageux que ces compagnons mais il est loyal, humble et quelque peu idéaliste.

    Ils seront accompagnés de neuf compagnons fidèles qui les aideront à accomplir leur tâche sans faillir. Mais Iros et Johan, bien qu’unit par une amitié profonde, tombent rapidement désespérément amoureux d’Indil. Mais l’élu du cœur de leur dame est tout autre, et le doute s’immisce dangereusement en eux, particulièrement dans l’instable Johan…

La Plume du Phénix

  • La Plume du Phénix (tome 1 : Aube, tome 2 : Nuages d’Orage, tome 3 : Zénith, tome 4 : Crépuscule) : Ce volet est la suite à peu près directe de la trilogie principale, et relate la suite des aventures d’Iros, Indil, Johan, Esalf et Tracy. Je n’ai pas encore lu le dernier tome (pour la couverture, tous les tomes ont la même, je n’ai pas jugé utile de mettre quatre fois la même image).

    Esalf a découvert l’amour, mais ses pulsions le font souffrir, et ils devra bientôt prendre ses responsabilités pour les fautes qu’il a commis plus jeune…

    Tracy et son unique amour, son âme sœur, voient enfin arriver leur heure, mais le destin, encore une fois, ne semble pas prêt à leur faire de cadeaux…

    Johan, le cœur toujours détruit par Indil, doit apprendre à maîtriser les pouvoirs dû à sa nature particulière et qui feront de lui l’envoyé du Feu primordial.

    Indil doit développer ses dons pour être à la hauteur de sa véritable identité.

    Iros, lui, a également un rôle qu’il devra révéler aux magiciens le temps venu. En attendant, il lui faut développer sa magie… et sa confiance en soi.

  • Les Fils du Vent (tome 1 : Shamal, tome 2 : Voyages en Orient, tome 3 : La Rose de Damâs’) : C’est la suite de la Plume du Phénix que je ne lirais sans doute pas. C’est le récit de la famille d’Esalf, qui est bien particulière parce que tous sous l’emprise de pulsions sensuelles fortes, fardeau de tous les Alk Tempoh.

Au fil des tomes, on découvre un monde magique, peuplé de ses propres mythes et créatures fantastiques aux mœurs bien à elles. Le style d’écriture est fluide, les personnages très humains (sauf les elfes, qui sont… Bah, elfiques) et tiraillés. L’univers est « crédible » et bien maîtrisé, tout comme les personnages. Mais j’ai néanmoins certaines reproches concernant les sentiments et les sensations des personnages. Dans la trilogie principale, ce n’est pas très présent, mais dans La Plume du Phénix, le désir charnelle est omniprésent. Je ne dis pas que l’on ne parle que de ça, mais je trouve que c’est trop présent, surtout dans une saga d’heroic fantasy. Le volet Les Fils du Vent est même classé « roman érotique » sur Amazon. A vrai dire, lorsque l’on passe de La Triade de la Pierre Sacrée à La Plume du Phénix, l’érotisme se fait de plus en plus présent, ainsi que le terme de « désir ». A force, cela devient lassant. Et la série, bien que contenant aussi de l’action, commence à devenir une espèce de Les Feux de l’Amour version heroic fantasy. Pas un seul des personnages ne connaît une (ou des) histoire d’amour heureuse et/ou simple.

En conclusion générale, j’ai trouvé ça bien, mais sans plus.

Pour cette raison, je ne peux pas recommander les différents volets à partir de la même tranche d’âge. Pour La Triade de la Pierre Sacrée, je dirais à partir de 12ans. Pour Le Loup Gris, plutôt 13, et pour La Plume du Phénix, je dirais (au minimum de chez minimum) 14/15 ans. Il semblerait que Les Fils du Vent soit plutôt destiné aux adultes, mais je ne peux pas me prononcer dessus, ne l’ayant pas encore lu.

Bonne lecture !

La Tueuse de Dragons (Héloïse Côté)

Je ne suis pas très active en ce moment, mais comme c’est les vacances, je lis des livres bien plus gros, et donc plus longs. Je lis aussi plusieurs romans en même temps, du coup je n’avance pas à mon rythme habituel. J’ai acheté ce bouquin-ci sur ma liseuse, et ça m’a beaucoup plus, surtout que c’est encore une histoire faisant intervenir des dragons.

« Il y a trois sortes de dragons. Tous crachent du venin, mais les effets varient. Le venin des colossi tue immédiatement, celui des minusi paralyse. Quant à celui des sourni, il brûle comme de l’acide… »

Deirdra est une tueuse de dragons. Une des meilleurs, et elle rêve d’égaler et de dépasser le record (neuf dragons) et de devenir la meilleure de tout l’Austrion. Têtue, égoïste et arrogante, elle a été sauvée des minusi par un tueur de dragons alors qu’elle n’était qu’une enfant, et celui-ci l’a vendue à un maître : Bradeus. Il l’a formée, mais d’une manière horrible, si bien que Deirdra en est encore, au fond d’elle-même, traumatisée. Tous les tueurs de dragons consomment de la dragonne, une drogue qui affute les sens et l’esprit, donne du courage et aide à supporter le statut misérable de tous chasseurs de dragons. Mais qui coûte son prix, qui n’est pas toujours de bonne qualité, et qui empêche parfois de penser par soi-même… Il est d’opinion publique que cette profession est destinée aux marginaux, aux bâtards, aux rebuts de la société, et l’ensemble de la population s’occupe de le rappeler à ceux qu’ils appellent les mangeurs de cœurs ou les fauteurs de troubles. Mais comme la seule autre protection contre les dragons étant les esprits de la nature, les tueurs de dragons sont tolérés, à défaut d’être acceptés. Mais lorsque Deirdra achève un sournius qui s’apprêtait à attaquer des devineresses, messagères de esprits et de leur volonté, elle s’interroge. Mais elle est vite préoccupée par la prédiction des folles en robes grises, qui lui prédisent que lorsque la quête d’Ubad touchera à sa fin, le bonheur sera à sa portée, et que les filles de Deirdris (l’esprit du feu) et les dignes descendants d’Ubad (le premier chasseur de dragons) lui montreront la voie, si elle souhaite l’emprunter.

Cependant, elle est bien obligée d’y repenser, puisque alors qu’elle venait de tuer un autre sourni au même endroit, elle découvre toutes les devineresses morte dans leur caverne. Malheureusement pour elle, des soldats débarquent et la capturent, la suspectant, à tort, d’avoir assassiné les messagères des esprits de la nature. Par un étrange concourt de circonstances, Deirdra se retrouve obligée de coopérer avec le capitaine Thad de Volter et ses hommes pour analyser un deuxième carnage : attaquées par un sourni, un deuxième groupe de devineresses a été massacré, et ce malgré leurs protections. Et une étrange odeur, déjà sentie par Deirdra auparavant, hante les lieux… Un moyen de contrôler les dragons existerait-il ?

la Tueuse de Dragons

Un roman sublime qui nous décrit un monde de dragons et d’aventures, mais surtout de dures réalités et de complots. Cet univers ressemble au nôtre sur ce dernier point, et l’auteure nous le fait bien sentir à travers une narration, concentrée sur Deirdra, mais riche sans être étouffante, et qui laisse place à l’imagination. Les personnages sont parfaitement humains, aussi bien leur face sombre que celle lumineuse. Ils sont complexes et maîtrisés, parfois attachants, agaçants, consternant, répugnants, fous, retors ou traîtres. L’ensemble est cohérent  bien que appartenant au registre de l’heroic fantasy, et l’ennui n’a pas sa place, même si une pause dans l’action est parfois nécessaire pour informer le lecteur, construire les personnages ou situer le contexte. Le personnage principal de Deirdra est complexe et a parfois des réactions énervantes, qui ne font que la rendre plus humaine. Elle est têtue, sceptique, ne pense pas aux autres, est arrogante, n’a pas sa langue dans sa poche et n’apprécie pas la pitié ou l’aide proposée. En tant que tueuse de dragons et à cause de ses expériences, elle refuse de tisser des liens avec les autres, même si elle regrette inconsciemment cette décision. Le personnage de Thad, d’abord peu important, se révèle peu à peu et sert en quelque sorte de frein à la bouillante Deirdra. Il représente beaucoup plus les « gentils » que le personnage principal qui vendrait ses services à n’importe qui. Au fil de l’histoire, l’influence du capitaine sur Deidra se ressent, mais sans que son évolution devienne particulièrement évidente. C’est un récit complexe et parfois lourd dans les vérités qu’il expose, mais qui reste divertissant. Je le conseille à partir de 13 ans. Il possède environ 430 pages. Bonne lecture ! 🙂

L’Âge du Feu, tome 1 : Dragon (E. E. Knight )

J’adore les Dragons. Pas les dragons stupides et destructeurs, mais les Dragons sages et puissants, plus proches des Entités que des vulgaires lézards ailés. Vous imaginez donc quelle fut ma joie lorsque j’ai vu ce bouquin parmi d’autres sur un stand de vide-grenier. j’ai lu la quatrième de couverture, et je l’ai acheté (et pas cher, en plus ). Et j’ai pas regretté !

Au plus profond d’une caverne, dans les abruptes Montagnes Rouges, de jeunes dragons percent enfin leurs coquilles sous l’œil attentif de leur mère. Auron est l’un d’eux, mais il n’est pas le seul mâle. En plus de ses deux soeurs (des vertes), deux autres mâles lui font face : un rouge et un cuivré. Il n’a pas le choix : il doit combattre. Grâce à son excroissance sur le museau qui lui a d’abord servi à percer son œuf, il tue le rouge et estropie son frère cuivré à vie. Mutilé, celui-ci n’a d’autres choix que de vivres à l’écart, loin des deux jeunes femelles et du champion de la couvée. Auron est heureux : son père lui apprend comment combattre un humain et les secrets nécessaires à son statut de Dragon lui sont communiqués par la pensée de ses parents. Ses soeurs l’agacent parfois, mais rien de grave, tant qu’elle n’empiètent pas sur ses activités. Et même si le fait que son frère déchu rôde encore dans la caverne n’est pas pour lui faire plaisir, il respecte la volonté de ses parents : les dragons sont en voie d’extinction, et un maximum d’enfants doit survivre. Mais il regrette ce choix lorsque ce même frère les trahit en ouvrant le passage à des nains chasseurs de dragons. La mort est entrée dans la caverne, et seuls Wistala (une des ses soeurs) et Auron s’en sont sortis vivants. Leur seul espoir : retrouver leur père, parti chasser loin de la grotte.

Wistala et Auron parviennent à se débrouiller pour chasser grâce aux aptitudes spéciales d’Auron -il est une espèce rare de Dragon Gris sans écailles, dont la peau change de couleur comme celle d’un caméléon ; de plus, contrairement aux autres dragons, il a gardé son excroissance cornue qui s’est avérée être une arme redoutable- et aux facilités de Wistala pour la chasse.

Mais lorsque AuRel, leur père, revient enfin, il entre dans la caverne sans se douter du danger qui l’attend… Et il en meurt. Pourchassés par les nains et les elfes, Wistala et Auron se séparent. Auron est capturé, mais il parvient à s’échapper grâce à Œilnoisette, une elfe érudite qui l’observe se libérer sans faire un geste. C’est le début du voyage d’Auron qui est bien décidé à venger les siens et à retrouver les derniers Dragons. Mais le monde est dur pour un jeune draque qui ne possède pas encore d’ailes et ne peut pas encore cracher du feu…. Heureusement, il découvrira des alliés improbables et dignes de confiance qui l’aideront à lutter contre ces mercenaires qui veulent sa peau -et celle de tous les Dragons.

L'âge du feu tome 1-Dragon

Ce roman est magnifique. Les Dragons y sont décrits et complétés d’une manière splendide, tout en respectant les « connaissances universelles » de l’heroic  fantasy. Petit exemple : les poumons des Dragons (dans ce bouquin) sont très long et sont positionnés (à l’intérieur du corps, hein) le long du dos. Sinon, l’univers décrits est sublime, cohérent et vivant. Les personnages sont bien pensés et maîtrisés, et aucun n’est creux ou sans substance. Le style d’écriture est « érudit », dans le sens où il utilise des mots appropriés, mais appartenant souvent au vocabulaire soutenu, et donc ne prônant pas la fluidité de la lecture, mais plutôt la description précise et efficace, qui ne détaille que lorsque c’est nécessaire. L’ensemble est largement lisible et agréable, mais la fluidité en est malgré tout affectée un minimum. C’est pour cette raison que je recommande ce livre plutôt aux lecteurs possédant un riche vocabulaire et une passion des Dragons et/ou de l’heroic fantasy. Pour l’âge, je dirait pas avant le collège. Cette saga possède plusieurs tomes (je ne connais pas le nombre exact), dont les trois premiers sont : Dragon, qui est décrit ici ; la Vengeance du Dragon ; Dragon Banni. Le deuxième tome raconte les aventures de Wistala, et le troisième celles du cuivré. Ce premier tome compte environ 500 pages. Bonne lecture !

Les annales du Disqu-Monde, tome 8 : Au Guet ! ( Terry Pratchett )

Ça fait un petit moment que j’ai plus posté…. Désolé, il m’a pris du temps, celui-là ! 😉 349 pages remplies, ça prend du temps. Décidément, J’ADORE Terry Pratchett !!!
Une société secrète d’encagoulés complote pour renverser le seigneur Vétérini, Patricien d’Ankh-Morpok, et lui substituer un roi. Enfin une affaire à la mesure du capitaine Vimaire, et de ses non-moins brillants adjoints. Et lorsqu’on retrouve au petit jour dans les rues des Ombres des cadavres (en soi, cela n’a rien d’extraordinaire, tout ce qui vit ou qui passe aux Ombres est destiné à finir à l’état de fantômes dans ce même quartier, surtout la nuit), mais des cadavres ressemblant à des biscuits calcinés ainsi que de drôles d’empreintes, l’enquête s’oriente résolument vers un dragon de vingt-cinq mètres qui crache le feu. Ou alors, un TRÈS GROS échassier en colère. Ça reste à voir. Peut être la collaboration du bibliothécaire de l’Université de l’Invisible ne serait-elle pas inutile. Certes, il a depuis quelques temps été métamorphosé en singe, mais qui a réellement remarqué la différence ? Mais le bibliothécaire a des préoccupations bien plus importantes que la survie d’Ankh-Morpok toute entière. On a volé un livre. Dans sa bibliothèque. Ça ne va pas se passer comme ça !

Voilà pour le petit résumé délirant. Maintenant, un petit « préavis » sur le contenu :

Une histoire délirante qui réjouiras tous les amateurs d’alcool, de taverne, d’absurde logique, d’espace B, d’imagination, de voyage intemporels, de trésor en toc, de capuche noires, de magie, d’échassier écailleux qui crachent le feu, de problèmes intestinaux, de tache de vin authentique, et, bien sûr, de cosses de cacahuètes.

Maintenant, l’introduction qui m’a beaucoup fait rire quand je l’ai lue et que je trouve parfaitement véridique :

« On les appelle parfois la Garde du Palais, le Guet ou la Patrouille. Quel que soit le nom qu’on leur donne, leur fonction dans toute œuvre d’aventures fantastiques reste la même : vers le chapitre trois (ou dix minutes après le début du film), ils font irruption dans la pièce, attaquent le héros un par un et se font massacrer. Jamais on leur demande s’ils en avaient envie. Le présent livre est dédié à ses hommes valeureux. Ainsi qu’à Mike Harrison, Mary Gentle, Neil Gaiman et tous les autres qui ‘mont aidé à concrétiser l’idée de l’espace B et s’en sont amusés ; dommage d’avoir laissé de côté le livre de Schrödinger… »

Fou rires pendant cinq minutes… Plus les nombreuses autres occasions pendant la suite de la lecture ! Du pur délire à la Terry Pratchett, avec, toujours, cette absurdité immanquablement justifiée par des explications tarabiscotés mais néanmoins logiques, comme la théorie sur le comportement des vieux bibliothécaires en pantoufles, ou celle sur les chances-sur-un-milloin-qui-marchent-toujours. Encore cet univers incroyablement déroutant, hilarant et inhabitable par des héros potables. Magnifique, absurde, drôle, vivant, déroutant, expliqué, tordu, et, évidemment, fantastique. Vivement recommandé dés le CM2, voir un peu avant, et jusqu’à la mort de vieillesse (la Mort, qui, rappelons-le, est masculin). Voilà, voilà, c’est tout pour cette fois ! Bonne lecture !

Les Cités des Anciens /1 : Dragons et Serpents ( Robin Hobb )

Une nouvelle série de Robin Hobb! Décidément, je ne sais pas si elle fait autre chose qu’écrire… Entre l’Assassin Royal ( 13 tomes ), sa suite, les Aventuriers de la mer ( 9 tomes ), le Soldat Chaman ( 8 tomes ) et, sous le nom de Megan Linholm, Ki et Vandien ( 4 tomes )… J’imagine que toutes ces séries sont fini, mais bon… Elle a commencé à écrire en 1995 et elle en est déjà au 5e tome de cette série, je crois ! En tout cas, pas de doute sur ce livre, c’est bien du Robin Hobb!

Dans le désert des Pluies, les serpents géants se sont enfermés dans leurs cocons pour assurer la pérennité de leur race. Mais, trop vieux, trop affaiblis, ils ne donnent que des créatures faibles, difformes, incapables de survivre sans l’aide des humains ni même de voler. Autour d’eux gravitent Thymara, jeune fille aux mains et aux pieds griffus, haït par sa mère, ne trouvant pas sa place à Terrilville et que son père n’auraient pas dû laisser vivre; Alise, tiraillée entre un époux qui la méprise et ne l’a épousé que pour pouvoir faire ce qu’il veut et sa passion des Dragons et des Anciens; et Leftrin, capitaine de vivenef à l’honnêteté douteuse, qui tombe sur une bille de bois sorcier, un morceau de cocon de serpent, et décide de le vendre au plus offrant malgré l’interdiction formelle qui pèse sur ce genre de commerce…

Un univers captivant et envoutant, des créatures mythiques, des secrets, des aventures, une description incroyable, un style fluide et prenant et une ambiance très particulière… Robin Hobb tout craché ! à partir de la 6e, je dirai, surtout si on a lu d’autres romans de Robin Hobb avant.

Bonne lecture!