La forme de l’article est un peu particulière puisque j’avais étudié ce roman pour le collège, et pas dans le cadre d’une simple fiche de lecture… J’espère que ça vous intéressera ! 🙂
Le Monde de 1984 :
Depuis les grandes guerres nucléaires des années 1950, le monde est divisé en trois grands « blocs » : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia qui sont en guerre perpétuelle, officiellement dans le but de conquérir un territoire neutre et riche en ressources. Ces trois grandes puissances sont dirigées par différents régimes totalitaires revendiqués comme tels, et s’appuyant sur des idéologies nommées différemment mais fondamentalement similaires : l’Angsoc (ou « socialisme anglais ») pour l’Océania, le « néo-bolchévisme » pour l’Eurasia et le « culte de la mort » (ou « oblitération du moi ») pour l’Estasia. Tous ces partis ont été présentés comme communistes avant leur montée au pouvoir, puis sont devenus des régimes totalitaires et ont relégué les prolétaires au bas de la pyramide sociale.
Contexte de l’œuvre :
Le monde totalitaire décrit par George Orwell est clairement inspiré de la Seconde Guerre Mondiale et de son après-guerre, surtout concernant les trois grands blocs géographiques et politiques, différents en surface mais identiques en profondeur, qui rappellent la Guerre Froide (notamment avec la menace perpétuelle des “bombes fusées”). Le système communiste soviétique ainsi que le régime nazi sont présents tout au long du récit à travers le culte de la personnalité (Big Brother), la Résistance, la surveillance perpétuelle (Police de la Pensée, Télécrans…), l’élimination des opposants, la haine des étrangers, la propagande (Minute de la Haine, Ministère de la Vérité, falsification perpétuelle du passé…), parti unique (Angsoc), etc…
On retrouve également les conditions de vie misérables, les pénuries et les restrictions alimentaires qui pesaient sur le monde après les dégâts de la guerre.
Impact recherché sur le lecteur :
1984 interroge le lecteur sur la société actuelle, et plus particulièrement sur le gouvernement. Le but de ce roman et de faire réfléchir, et ce sur de nombreux sujets (propagande, télévision, espionnage, falsification du passé, utilité et buts réels de la guerre…).
De plus, le personnage principal, Winston, n’a rien d’un héros : c’est un homme ordinaire. Ce procédé permet à Orwell d’intensifier le sentiment d’identification ressenti par le lecteur. On se sent menacé, oppressé, et malgré l’ambiance sombre du roman, on ne peut s’empêcher d’espérer la victoire de la Fraternité… et l’on est tenu en haleine jusqu’à la fin, qui est d’ailleurs sublime !
Portée et postérité de l’œuvre :
1984 a eu et a toujours une influence considérable sur l’imagination se rapportant aux systèmes totalitaires, et ce dans plusieurs domaines. Quelques exemples d’œuvres dans lesquelles on retrouve cette influence :
- THX 1138 , de George Lucas (1971)
- Brazil , de Terry Gilliam (1985)
- V pour Vendetta, d’Alan Moore et David Lloyd (1989-1990)
- Diamond Dogs, un album de David Bowie (1974)
- Running Man, de Stephen King
Des expressions ont été formés à partir de l’univers de 1984 :
- “Big Brother” est considéré comme une figure emblématique du régime policier et totalitaire, de la surveillance excessive et de la réduction des libertés
- “Orwellien” est un adjectif utilisé pour désigner un régime totalitaire
Il existe même un Prix Big Brother, attribué par les membres nationaux et les organismes affiliés à Privacy International à des organismes gouvernementaux ou privés qui ont le plus menacé l’intimité personnelle dans leurs pays. Depuis 1998, plus de 40 cérémonies ont été tenues dans pas moins de 16 pays différents.
Mon avis :
1984est une œuvre de référence qui mériterait d’être étudiée au collège. Ce roman est devenu un ouvrage incontournable par l’inspiration fondamentale qu’elle a apportée à la littérature, et pas uniquement dans le domaine de la science-fiction auquel est bien trop souvent assimilé ce roman. 1984 s’apparente bien plus à de l’anticipation dystopique mêlée à une analyse du genre humain et du système politique des années d’après-guerre qu’à de la réelle science-fiction. La particularité de la science-fiction est de mettre l’accent, comme son nom l’indique, sur la science et plus particulièrement sur les avancées technologiques.
La lecture de 1984 est bouleversante, autant par les questions qu’elle soulève que par les émotions qu’elle provoque. Et plus on en apprend sur ce monde atroce, plus on ne peut s’empêcher de faire le lien avec la Seconde Guerre Mondiale. J’ai plusieurs fois frissonné en pensant que, si l’issue de la guerre avait été différente ou si la Guerre Froide ne s’était pas terminée sans faire éclater une troisième grande guerre, nous vivrions peut être dans un monde tel que celui décrit par Orwell.
Pour finir, ce roman compte environ 400 pages, et est accessible à partir de 14 ans d’après moi. Bonne lecture ! 😀