La Marche pour l’Egalité et contre le Racisme de 1983

Une fois encore, un post atypique puisqu’il s’agit d’un article que j’ai écrit pour le Club Journal de mon collège, décrivant les événements de La Marche de 1983, avec à la fin un paragraphe sur « Le racisme expliqué à ma fille » de Tahar Ben Jelloun (pour lire la critique que j’en avais fait à l’époque, cliquer sur le titre). J’espère que ça vous intéressera. 😉

La Marche pour l’Égalité et contre le Racisme de 1983

Un film commémorant La Marche Pour l’Égalité et contre le Racisme est sorti au cinéma ce 27 Novembre 2013 : Retour sur les événements à l’origine du film.

La Marche pour l’Égalité et contre le Racisme a eu lieu du 15 octobre au 3 décembre 1983.  Plus tard, elle sera surnommée la “ Marche des beurs” par les médias. C’est la première grande manifestation antiraciste à s’être déroulée en France. Le parcours des Marcheurs commence du quartier de la Cayolle à Marseille (ils sont 17, dont 9 des Minguettes) et se termine  à Paris, en passant par Lyon, Grenoble, Strasbourg, Dreux et bien d’autres, soit environ 1 500 km et un mois et demi de marche.

L’événement déclencheur qui poussa les jeunes des Minguettes en banlieue lyonnaise est une “bavure” d’un policier. Durant l’été 1983, les policiers et les jeunes se confrontent rudement, et Toumi Djaïdja, président de l’association SOS Avenir Minguettes, est transporté d’urgence à l’hôpital après avoir reçu une grave blessure par balle.

Faussement accusé, le jeune homme est alors défendu par le curé Christian Delorme (pourtant non issu de l’immigration) qui propose, appuyé par le pasteur Jean Costil, une longue marche s’inspirant de Martin Luther King et de Gandhi aux jeunes des Minguettes. Ils réclament principalement deux choses : une carte de séjour de dix ans, soit sept ans de plus qu’à l’époque, ainsi que le droit de vote pour les étrangers.

Cette même année est tristement marquée par la mort de cinq Maghrébins, assassinés pour motifs racistes selon le Ministère de l’Intérieur ( les organisations de lutte contre le racisme en dénombrent pourtant 21, un chiffre bien plus inquiétant).

Au fil de leur parcours, La Marche est rejointe par d’autres participants, et s’il n’y a qu’une seule personne à les accueillir à Salon de Provence, un regroupement de plus de mille manifestants les acclamera à leur arrivée. À Strasbourg, la Secrétaire d’État à la Famille, à la Population et aux Travailleurs immigrés participe aux manifestations qui ont lieu lors du passage de La Marche. Elle est également un des relais des Marcheurs auprès du Président de la République, François Mitterand.

À leur arrivée à Paris le 3 décembre 1983, La Marche pour l’Égalité et contre le Racisme s’achève par une manifestation antiraciste de grande ampleur réunissant plus de 100 000 personnes. Un petit groupe de personnes rencontre alors François Mitterrand, qui promet une carte de séjour et de travail valable pour dix ans, une loi contre les crimes racistes et un projet sur le vote des étrangers aux élections locales.

La Marche est marquée par le 14 novembre 1983, jour où Habib Grimzi est assassiné par défenestration à bord du train Bordeaux-Vintimille par trois candidats à l’engagement à la Légion étrangère, pour des motifs racistes. La victime a hurlé, a supplié et s’est défendu, mais ni le caporal surveillant en charge des agresseurs (qui a prétendu dormir pendant tout le trajet), ni les 95 passagers témoins de la scène n’apporteront de l’aide au jeune homme. Il sera jeté du train à 0h20, probablement déjà à l’état de cadavre.

Pour mieux comprendre le racisme…

L’auteur Tahar Ben Jelloun a écrit un livre intitulé “Le racisme expliqué à ma fille”. C’est un livre clair et facile à la lecture où la plupart des mots difficiles sont définis clairement. Si vous ne comprenez pas tout à fait ce qu’est le racisme dans sa globalité et/ou dans les détails, je vous encourage à mettre un peu de temps de côté pour lire ces quelques 60 pages dont voici la quatrième de couverture :

« Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. On ne triche pas avec les questions d’un enfants. C’est en m’accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l’immigration que ma fille m’a interrogé sur le racisme. Nous avons beaucoup parlé. Les enfants sont les mieux placés pour savoir que l’on ne naît pas raciste mais qu’on le devient. Parfois. Ce livre, qui essaie de répondre aux questions de ma fille, s’adresse aux enfants qui n’ont pas encore de préjugés et veulent comprendre. Quant aux adultes qui le liront, j’espère qu’il les aidera à répondre aux questions, plus embarrassantes qu’on ne le croit, de leurs propres enfants. T.B.J« 

3 réflexions sur “La Marche pour l’Egalité et contre le Racisme de 1983

  1. Et je continuerai à répondre aux questions de mes enfants, parce qu’ils sont l’avenir et nous obligent à nous, parents, à nous reposer les questions essentielles.

    • Eh oui, le rôle des parents est très important… Mais les enfants peuvent aussi prendre conscience de tout ça par eux-mêmes ou grâce à d’autres enfants ou adultes. 😉

  2. Absolument essentiel. Il faut relire Tahar Ben Jelloun pour comprendre comment une enfant de 12 ans a pu très récemment, certainement poussée par ses parents, hurler à la Garde des Sceaux Christiane Taubira, une femme noire, « mange ta banane, la guenon » en lui lançant des bananes.
    Le racisme n’est pas inné, il est inculqué par des personnes aigries qui n’ont plus la décence de reconnaître l’être humain dans leur prochain, surtout quand il est « différent ».

    Ne baissons pas les bras devant la haine et le racisme !

Laisser un commentaire