Et encore une découverte aléatoire ! Décidément, le hasard place de bons livres sur ma route.
Micah est une jeune fille insaisissable. Depuis des années, ses mensonges fleurissent chez tout ses proches. « Je suis un garçon. » puis « J’ai dit ça parce que je suis née hermaphrodite. », ou encore « Je ne le connaissais pas. », « Je ne sortais pas avec lui. » .
C’est de famille.
Micah ment pour le plaisir de mentir, pour justifier sa bizarrerie, son apparence et son attitude androgyne. Elle ment parce que la vérité est trop dure, ou trop obscure. Elle ment pour impressionner les autres, pour être tranquille, pour ne plus être une paria. Micah ment pour s’échapper de sa réalité.
Micah ment tout le temps et à tout le monde. Mais pas cette fois. Non, cette fois, elle ne nous dira que la vérité, la vraie vérité, la véritable et authentique vérité. Pour avoir un point d’attache. Elle a juré qu’elle ne nous dira que la vérité. Mais que vaut la parole d’une menteuse ? Pourtant, Micah nous supplie de la croire.
Pourquoi est-elle au pied du mur ? Parce que son petit ami est mort. Zach est mort, assassiné. Mais ce n’était pas le petit ami de Micah, c’était celui de Sarah. Pourquoi, alors, prétendre qu’il était son petit ami ? Parce qu’ils sortaient vraiment ensemble. Mais pas au lycée. Et après la mort de Zach, Micah-la-paria est devenue Micah-la-meurtrière. Mais il faut la croire. Ce n’est pas elle qui l’a tué. La dernière fois qu’elle l’a vu, c’était le samedi soir. Il est mort le dimanche. Il faut la croire, et il faut la croire parce qu’elle l’aimait, Zach. Pas d’un amour ordinaire, de quelque chose de différent. Mais ils n’ont jamais couché ensemble. Elle n’a pas le droit.
A cause de la maladie familiale.
Micah est insaisissable, mais la vérité l’est bien plus. Que vaut la parole d’une menteuse ? Pourtant, Micah est sincère, et si seule… elle ne peut se confier à personne. Personne ne la croit. Mais devant certains détails, on peut pas s’empêcher de douter. Nous mène-t-elle en bateau ? Tout n’est-il qu’un immense mensonge ? Mais elle est sincère. Et puis, lire une histoire, n’est-ce pas un peu comme lire un mensonge ? On est en droit d’y croire, on est en droit de ne pas y croire. Et c’est là-dessus que repose tout ce roman. L’intrigue est hachée, découpée entre « l’avant » et « l’après », entre l’histoire de Micah et l’histoire de sa famille. Et puis quelle est cette maladie dont souffre Micah ? Un mensonge ? Impossible. Elle a juré de ne dire que la vérité. Mais entre « la vérité », « la vraie vérité » et « la vérité authentique et véritable », les différences creusent le doute. On veut connaître le fin mot de l’histoire, on traque chaque indice, et pourtant Micah continue de nous surprendre. Le style d’écriture oscille agréablement entre l’oral et l’écrit, les personnages sont criants de vérité, et l’histoire est un nœud sans fin dont on ne sait jamais par où commencer pour le délier. L’ensemble est sérieux, bien ficelé et captivant par son aura de demi-vérité et non-dits. Le roman compte environ 380 pages et est accessible à 13/14 ans avec la maturité nécessaire à appréhender un roman policier, je dirais. Bonne lecture ! 😉