Vipère au Poing (Hervé Bazin)

Ça fait presque un mois que je n’ai pas posté, mais je n’ai pas arrêté de lire pour autant. Que voulez-vous, c’est les vacances… Et cette chaleur écrasante n’est pas franchement motivante non plus. Sur ce, place à la critique :

« Vipère au poing, c’est le combat impitoyable mené par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu’ils ont surnommé Folcoche. Cri de haine et de révolte, ce roman, largement auto-biographique, le premier d’Hervé Bazin, lui apportera la célébrité et le classa d’emblée parmi les écrivains les plus lus du XXe siècle. »

La famille Rezeau, figée dans son passé de noblesse, est restée accrochée aux anciennes valeurs d’une noblesse dévouée à l’église. Ainsi, de quatre à huit ans, Jean Rezeau était un saint qui faisait la fierté de sa grand-mère, non sans quelques fois provoquer sa colère comme tout gamin qui se respecte. Il était un saint car, comme il le dit si bien :

« On ne vit pas impunément dans l’antichambre du Ciel, entre un abbé réformé du service divin pour tuberculose pulmonaire, un écrivain spécialisé dans le style édifiant, une grand-mère adorablement sévère sur le chapitre de l’histoire sainte et des tas de cousins ou de tantes, plus ou moins membres de tiers ordres, nuls en math, mais prodigieusement calés dans la comptabilité en partie double des indulgences (reportons notre crédit d’invocations au débit des âmes du purgatoire, pour que ces nouveaux élus nous remboursent sous forme d’intercessions).« 

Ses parents ? Voyons, M. Jacques Rezeau et Mme Paule Rezeau-Pluvignec ont bien mieux à faire à Shanghai, en compagnie de Marcel, le petit dernier de la famille. Du reste, la tutelle de leur grand-mère, sévère mais juste, convient parfaitement à Jean et à Frédie, qui vivent une enfance heureuse à La Belle Angerie, en région craonnaise. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et l’âge avancée de cette grande dame ne put vaincre l’urémie, mal de la famille et mal d’intellectuels, qui lui pourrit le sang en trois jours.

« Grand-mère mourut. Ma mère parut. Et ce récit devint drame.« 

La suite de l’histoire est une guerre, un combat, une bataille permanente d’une mère contre ses enfants, d’enfants contre leur mère. Leur éducation, déjà stricte et religieuse, devint prison ; leurs temps libres, corvées ; le jardin, une cage. Mais si Brasse-Bouillon n’est pas l’enfant de Folcoche, il est sans aucun doute son fils, et la haine n’engendre que la haine.

Vipère au Poing

Classique à (re)découvrir, lire Vipère au Poing m’a donné l’impression de manger un bonbon acidulé et savoureux. Si je devais décrire le style d’écriture en un mot, je dirais : délicieux. Ce mélange d’ironie, de cynisme et de vocabulaire soutenu, ces mots vibrants d’émotions violentes et de calculs glacés… Chaque paragraphe est une sucrerie que l’on savoure longuement ou que l’on gobe précipitamment, mais qu’on apprécie toujours. On vibre avec Brasse-Bouillon, on enrage contre Folcoche, on s’indigne de ce père passif qui laisse passer tant d’injustices, on étouffe dans cette cage d’un autre âge qu’est La Belle Angerie, on n’attend plus qu’une chose : que Jean s’évade, brise ces murs, se libère de ces règles trop strictes à la force de son esprit et de son audace, qu’il se venge une bonne fois pour toute de cette femme qui a ruiné son enfance. Relativement facile à aborder malgré son vocabulaire riche et recherché, Vipère au Poing est accessible dès 13 ans et compte environ 185 pages. A lire et à relire ! 😉

Lettres à une Disparue ( Véronique Massenot )

Dans un pays soumis à la dictature, Melina pleure Paloma, sa fille « portée disparue », enlevé avec son mari et sa petite fille. Au bout de quatre ans, l’espoir de la revoir vivante disparaît peu à peu… Et le chagrin devient lourd à porter. Elle décide alors de lui écrire pour lui confier sa douleur, sa peine, son désespoir, et, plus forte que tout, son envie de la revoir vivante. Elle évacue une partie de son chagrin dans ces lettres qu’elle garde au fond d’un tiroir. Puis, six mois plus tard, la dictature est abolie et une démocratie se met en place. Mais justice n’est pas rendue et les bourreaux qui ont tant tué restent impunis et libre de leurs actes. Des familles, des parents, des amis, crient à la justice. Et un événement va bouleverser sa vie. Lélia arrache Guilles, son neveu, à sa fausse famille. En effet, les bourreaux en mal de paternité ont adopté les enfants de leurs victimes, les gavant de mensonges. Mélina émerge enfin du trou béant qui s’est ouvert dans son cœur : Nina, la fille de Paloma, est vivante… Et vit avec les meurtriers de ses parents. Une lutte acharné s’engage entre les bourreaux et Mélina, Pablo, son mari, Lélia, leurs amis… Qui combattent avec la force immense du dernier espoir vers la lumière. Mais un troisième adversaire bouleverse l’équilibre : Nina n’a de souvenirs que de ses « parents » et rejettent l’amour que lui offre Mélina. Mais le problème ne vient pas toujours des autres…

« En Amérique latine, dans les trente dernières années, les personnes que l’on disait « portées disparues » étaient en réalité enlevées par des milices au service des régimes dictatoriaux en place. » Inspiré d’un reportage écouté à la radio, ce roman épistolaire d’à peine 91 pages m’a troublé. Cette histoire est un condensé incroyablement dense d’émotions, d’espoir et de détresse. Les traces des perles salées qui sont montées jusqu’à mes yeux se sont dissipées, mais le souvenir reste encore. Les lettres sont écrites dans un style très poétique et on lis clairement le désespoir du début où l’espoir de la fin. C’est très court, mais riche en sentiments. Je dois avoir mis une demi-heure pour le lire, c’est dire si c’est court, donc je vous conseille plutôt de l’emprunter à la bibliothèque où à un proche plutôt que de l’acheter. À partir de 10-11 ans, à priori. Bonne lecture !

J’ai lu ce livre pour le collège et je vais sans doute réutiliser ce résumé pour le compte rendu. Je fais donc d’une pierre deux coups ! 😉

Les Maîtres Chanteurs (Orson Scott Card)

Pendant soixante-dix-neuf ans, Mikal n’eut pas d’Oiseau Chanteur. Durant tout ce temps, il conquit la galaxie et imposa la discipline de Frey à toute l’humanité et fit régner la paix de Mikal, tant et si bien que chaque enfant à naître avait le raisonnable espoir de vivre jusqu’à l’âge adulte, puis il établit les meilleurs formes de gouvernement pour chaque planète et chaque district et chaque province et chaque cité.

Pourtant, il attendait toujours. Tous les deux ou trois ans, il envoyait un messager vers Tew avec pour le Maître Chanteur cette unique question : « Quand? »

Et la réponse lui revenait, immanquable : « Pas encore. » Et Esste se faisait vieille, sous le poids des ans et du travail de toute une vie. Elle découvrit bien des Oiseaux Chanteurs, mais jamais un qui fût capable de chanter en harmonie avec Mikal. Et lui aussi se faisait vieux.

Et elle rencontra Ansset. Elle prit en charge son éducation et Ansset se révéla être le plus doué des élèves à qui elle n’eut jamais enseigné. Mais il était trop sévère dans son Contrôle, cette force que chaque Chanteur assimile et qui lui sert à ne pas montrer ses émotions, à les contenir en lui pour les faire ressortir par le chant et le rendre plus beau et plus profond encore. Mais le Contrôle d’Ansset lui cachait ses propres émotions et lui empêchait de trouver son Chant. Celui qui le représente, car chaque être vivant en a un. Mais Ansset ne comprenait pas ce que voulait Esste et il s’entêtait à ne montrer aucune émotion et à ne chanter que ce qu’il percevait dans ce qui l’entourait, que ce soit des êtres vivants ou des lieux. Mais il embellissait ces chants qu’il percevait pour les renvoyer plus forts encore et pour toucher le cœur des gens comme jamais personne ne le fit dans toute l’histoire du champ.

Mais personne, pas même lui ne pouvait percevoir son chant ou même la moindre parcelle d’émotions qui viennent de lui. Mais Esste s’entêtait, sans même savoir si elle y parviendrait un jour…

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre et j’avais du mal à contenir mes larmes en lisant certains passages. Orson Scott Card reste L‘auteur de S-F. Ses récit ne sont pas captivants, ils sont envoutants et vous capturent avant même que vous ne vous en rendiez compte. C’est assez psychologique et c’est quand même assez dur. Je dirai peut être pas avant 13-14 ans. Si vous aimez ce livre, je vous conseille donc de lire Le cycle d’Ender, du même auteur. En lisant le tome 1 (La Stratégie Ender) j’ai pleuré à plusieurs reprises. Pour ces tomes, je dirai pas avant 14 ans.